The Rape of Europa
La ciné-carte (40 $) du Cinéma du Parc donne droit à 8 films, plus deux avant-premières. J'y suis donc allée dès ce soir pour voir The Rape of Europa, un documentaire qui prendra l'affiche vendredi (21 décembre). Le film est en anglais et inclut des entrevues en diverses langues (dont le français) sous-titrées en anglais. Vous pouvez voir une brève bande annonce ici.
Inspiré du livre de Lynn H. Nicholas intitulé The Rape of Europa: The Fate of Europe's Treasures in the Third Reich and the Second World War, ce film relate le pillage des musées et des collections privées par les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale et parle des mesures prises par les musées d'Europe et leurs employés pour cacher des milliers d'œuvres d'art. Plein d'images d'archives, notamment de certaines caches de tableaux, meubles, sculptures, etc., de véritables cavernes d'Ali Baba trouvées à la fin de la guerre. On mentionne trop brièvement au début la destruction d'«art dégénéré», c'est-à-dire ce que Hitler considérait comme contraire à la culture aryenne.
Le film est intéressant, mais lorsqu'il est question des «Monument Men» qui accompagnaient l'armée américaine vers la fin de la guerre pour s'occuper des œuvres d'art trouvées à mesure que les Alliés pénétraient en Allemagne, il y a un petit ton de propagande américaine qui peut devenir un peu agaçant. En lisant ceci, j'apprends que les Monument Men provenaient de 15 pays, mais le film donne l'impression que ce sont les Américains tout seuls qui on fait ce travail. On voit aussi une restitution d'un tableau par un musée de l'Utah, la cérémonie et tout, mais on parle des Russes qui ne veulent pas rendre les nombreux tableaux du Musée de l'Ermitage qui proviennent des musées allemands et que les Soviétiques ont récupéré lorsqu'ils ont pénétré dans l'est de l'Allemagne. Mais bon, ça reste instructif.
J'ai une amie conservatrice de musée et je pensais à elle lorsque des conservateurs de musées européens racontent ce qu'eux ou leur prédécesseurs ont fait pendant la guerre. Notamment ceux de l'Ermitage, qui ont passé des mois dans les caves du musée, lors du siège de 900 jours de Leningrad, en train de mourir de faim et de froid (après l'hiver, on avait ramassé 46 cadavres congelés). Les bombardements avaient détruit les vitres du musée alors les employés devaient ôter la neige et la glace dans les salles pour essayer de réduire les dégâts... Il y a aussi un bout d'entrevue avec Frédérique Hébrard, une écrivaine que j'avais déjà entendue à la radio, il y a des années, lorsqu'elle avait publié La chambre de Goethe. Elle racontait (à la radio) que son père, André Chamson, était chargé de protéger la Joconde et qu'elle a suivi ses parents dans ce périple et a donc pour ainsi dire dormi avec Mona Lisa. Dans le film, elle mentionne que le tableau était transporté dans une ambulance scellée pour éviter qu'il ne souffre de l'humidité et que c'était si étanche qu'une fois, on avait trouvé sans connaissance le conservateur qui voyageait avec la Joconde, parce qu'il avait manqué d'air.
J'avais déjà vu les images des ruines de Varsovie après la destruction complète de la ville par les Allemands, mais c'est toujours aussi émouvant de revoir ces montagnes de briques et de pierre à la place d'une ville riche en superbes bâtiments (on a heureusement réussi à en reconstruire une partie après la guerre). J'ai aussi revu des images que j'avais découvertes il y a bien des années dans un film suédois (je ne me souviens plus du titre) sur Hitler et ses plans de bâtiments, sa visite de quelques heures à Paris en 1940, ses ambitions déçues de peintre pas très doué...
The Rape of Europa est un film à voir si vous vous intéressez au patrimoine artistique mondial ou à l'histoire de la Deuxième guerre.
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