vendredi 7 mars 2008

Si c'est un homme

Si c'est un homme, de Primo Levi, est un récit à la fois terre à terre et bouleversant de la vie quotidienne dans un camp de concentration à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Vous trouverez un excellent résumé ici et des commentaires de lecteurs .

J'ai commencé ce livre il y a des semaines, au début je n'embarquais pas. Mais après quelques chapitres, j'ai eu envie de connaître la suite. C'est sûr que ce n'est pas une lecture de divertissement...

Quatrième de couverture
On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité.

À une époque, j'ai effectivement lu beaucoup de témoignages de rescapés des camps, Français, Hongrois, Allemands... Mais ce récit est différent.

L'édition que j'ai lue comprend un appendice très intéressant écrit en 1976 où l'auteur répond aux questions qui reviennent le plus souvent dans les conférences qu'il donnait dans les écoles et ailleurs.

En refermant le livre, j'ai commencé immédiatement La Trêve, qui commence là où Si c'est un homme se termine. Ceux qui sont restés dans le camp sont gravement malades (les autres ont été évacués et sont pour la plupart morts durant la marche forcée qui a suivi), beaucoup d'entre eux meurent même une fois le camp libéré et les survivants ne sont pas tout simplement rapatriés chez eux. Il faut des mois avant qu'ils reviennent «à la maison». S'ils ont encore un foyer, car puisqu'il s'agit de Juifs d'Europe, leur famille a été souvent exterminée.

Voici le poème qui ouvre Si c'est un homme.

Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur,
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.


Aucun commentaire: