lundi 22 octobre 2007

Sauf le respect que je vous dois

J'arrive de ma sortie quasi hebdomadaire à l'Outremont. Le film de ce soir, Sauf le respect que je vous dois, premier long métrage de Fabienne Godet, est un film qui fait mal... Il montre comment la vie peut devenir infernale dans une entreprise lorsqu'on décide d'y faire du «dégraissage». Les acteurs sont tous excellents, autant les têtes d'affiche, Olivier Gourmet, Dominique Blanc, Marion Cotillard et Julie Depardieu, que les seconds rôles. Un film où l'on ne parle pas beaucoup, où les émotions passent dans les regards, les gestes.

Ce film dénonce une situation révoltante mais qui est devenue fréquente à notre époque où l'entreprise veut faire toujours plus d'argent en dépensant le moins possible. Ça donne envie de dire «Halte! On en a marre de la productivité!».

Fabienne Godet s'est inspirée d'une situation qu'elle a elle-même connue lorsqu'elle travaillait dans une entreprise formant le personnel médical et paramédical. Voici un extrait d'une entrevue avec la réalisatrice :

Vous dépeignez un monde de l’entreprise extrêmement froid, sans solidarité entre les salariés, où les syndicats sont absents et où les rapports de force collectifs n’existent pas...

F. Godet - Avant mon licenciement, j’avais déjà beaucoup travaillé sur l’aliénation, l’aliénation sociale. Mais je me faisais encore des illusions sur la solidarité entre collègues.

La première personne qui a été licenciée dans ma boîte était accusée par la direction d’être une grande gueule. Alors que j’essayais de la défendre, les autres salariés lui trouvaient toute sorte de reproches. La deuxième personne licenciée était, à l’inverse, accusée de ne pas être assez sociable. Chaque collègue trouvait de bonnes raisons à ce licenciement : en fin de compte, les salariés étaient leur propre bourreau. Quand les licenciements sont arrivés jusqu’à eux, plus personne ne les a défendus. De plus, dans le métier que j’exerçais, j’étais souvent appelée à me déplacer en province pour quelques jours. Organiser les gens dans ces conditions était d’autant plus difficile.

Dans le film, j’ai voulu témoigner de ma propre expérience : je n’ai pas connu l’action collective. Un délégué du personnel de mon entreprise a même été jusqu’à rapporter à la direction qu’une pétition était en cours de rédaction. Les rapports étaient uniquement individuels.

Une autre entrevue ici.

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